En 1936, la firme Renard entreprit l'étude d'un monoplace de chasse.
Le premier exemplaire effectua son premier vol à l'aérodrome d'Evere, près de Bruxelles, le 5 novembre 1937, piloté par l'adjudant Georges Van Damme.
Cette machine allait donner naissance aux versions R-37, R-38 et R-40, ce dernier à cabine étanche.
On était en droit d'espérer bien des satisfactions, les chiffres donnaient officiellement une vitesse de 505 km/h à 4.000 m. Comme le constatait André Frachet dans «Les Ailes» du 25 novembre 1937, le R-36 surclassait les Morane-Saulnier MS-405 et 406, tous deux handicapés par un radiateur ventral important.
En Novembre 1938, Renaud de Vinck de Winnezeele, pilote de l'usine Renard, présenta le R-36 devant plusieurs délégations étrangères. Les Chinois assistèrent à cette démonstration et le ministère de l'Air français y avait envoyé une mission aéronautique dirigée par Monsieur Paul Rives, alors député de l'Allier et rapporteur du budget de l'Air français. Monsieur Rives était accompagné de son conseiller militaire technique.
On dit même qu'un pilote français procéda aux essais de l'appareil.
Renard annonça, à cette époque, la mise en chantier de six «R-36» mais il s'avère que trois cellules seulement furent achevées: la première fut le R-36 à moteur Hispano-Suiza, la seconde le R-37 à moteur Gnome et Rhône, la troisième le R-38 à moteur Rolls-Royce «Merlin». Une quatrième cellule dont l'habitacle avait été modifié, fut entreprise et devait donner le «R -40» mais la seconde guerre mondiale et les événements de Mai 1940 allaient mettre un terme à sa fabrication.
Au cours des essais, le radiateur d'eau fut monté sous l'avant du fuselage. Le système initial, au glycol, était situé derrière le siège du pilote avec prise d'air en-dessous de la carlingue et volet de sortie mobile sous l'arrière du fuselage.
L'empennage subit, lui aussi, des modifications au cours des essais. Le gouvernail de direction reçut successivement un tab fixe et un fletner réglable. Le gouvernail fut considérablement agrandi, la forme nouvelle fut conservée sur les R-37 et R-38.
La firme Renard avait construit un prototype sensationnel mais le 17 janvier 1939, après 75 heures de vol (2) - exécutés par huit pilotes - et au cours d'un accident dont les causes ne furent jamais définies de façon bien précise, le R-36 s'écrasait à Nivelles avec son pilote, le vicomte Eric de Spoelbergh.
Le monoplace Renard R-36 était un appareil monoplan cantilever à aile basse équipée de volets d'intrados et à train rentrant.
Destiné à la chasse et à l'attaque au sol, il était armé de 4 mitrailleuses d'aile tirant en dehors du champ de l'hélice et équipé d'un moteur-canon Hispano-Suiza 12 Y type 21.
Sa densité de feu était estimée à 100 projectiles par seconde et les quatre mitrailleuses pouvaient, éventuellement, être remplacées par deux canons.
Inscrit dans les registres de l'Administration de l'Aéronautique le 18 octobre 1938 sous le numéro 420, il reçut l'immatriculation civile OO-ARW. Il fut radié le 4 février 1939 à la suite de l'accident survenu le 17 janvier à Nivelles.
Etant donné la simplicité de fabrication, la production de cet avion, même en petite série, aurait pu être économique, les profilés étant de modèle standard. Le stockage du R-36 était sans danger, toutes les pièces métalliques étant protégées d'une manière très efficace contre les agents atmosphériques. D'autre part, pour le transport, la voilure se divisait en éléments de dimensions réduites. Cette disposition n'était pas sans avantage pour les dépannages en escadrille.
Cuny et Danel rapportent dans leur livre «L'aviation de chasse française 1918-1940» que le constructeur Renard proposa au gouvernement français en octobre 1938, cent exemplaires du R-36 au prix unitaire de 1,75 millions de francs. Les délais de livraison annoncés portaient sur un premier appareil livré le cinquième mois suivant une commande ferme, puis vingt par mois à partir du sixième mois, mais cette offre ne fut pas retenue.